vendredi 27 novembre 2009

Rock 'n' Rock

Mardi 24 Novembre, entre Tennant Creek et Katherine, sur la Stuart Highway, et enfin, la température est descendue.

Ici, il y a beaucoup de pierres. Il n’y a même à peu près que cela à voir à des milliers de kilomètres à la ronde. Ils en font des réserves naturelles même, la pierre est une espèce en voie d’extinction par ici.

Je pourrais vous faire une petite leçon de géologie, et vous expliquer comment des sédiments se sont accumulées, des plaques tectoniques ont bougés et pivotés, des météores sont tombées, mais vraiment, ce serait embêtant. Heureusement en Australie, il y a une population avec beaucoup plus d’imagination que nous, pauvres Européens avec notre carbone 14 et nos douteuses méthodes scientifiques. Et oui, vous l’avez deviné, ce sont les Aborigènes. Ils ont des histoires assez exceptionnelles pour expliquer comment tous ces rochers ont poussé dans le coin, qu’ils appellent Dreaming stories. Malheureusement, la plupart des ces histoires revêtent un caractère sacré et les Blancs ne sont pas autorisées à les connaître, du moins pas en entier. Il va donc falloir improviser un peu. De toutes les manières, ce sont des histoires qui ont toujours été transmises par voie orale, elles ont donc toutes douze versions différentes, une de plus ne changera pas grand chose. The aboriginal phone, comme on dirait chez nous.

Voici quelques unes de ces histoires.

A long time ago, in a galaxy not so far far away, il y avait des femmes qui dansaient sur la Voie Lactée. Une des femmes a déposé son bébé dans son berceau sur le bord de la Voie Lactée et elles se sont mises à faire la chaise à la mariée. Les youyous fusaient, la mariée faisait des sauts de géant (à fortiori) sur la chaise et ça n’a pas manqué, le bébé est tombé du berceau et a fait un peu de chute libre. Comme nous le savons tous, la Terre est la plus grande masse de la Voie Lactée, et le bébé s’est donc dirigé vers la Terre où il s’est crashé en grand fracas. Cela a créé Tnorala, un grand cratère au milieu du désert, et l’onde de choc s’est répercutée, créant des cercles de montagnes concentriques.
Donc tous ceux qui vont se marier cette année, faites attention quand vous ferez la chaise.




Il y a aussi King’s Canyon. Là apparemment, un paquet de chats, géants également (tout le monde était géant à l’époque), ont décidé de venir dormir ici, et sont restés. Cela a donné ce paysage.




Bizarrement, personne ne voulait aller se balader sur le petit bout de roche qui dépasse


Puis, il y a évidemment Uluru. Uluru, c’est le gros rocher au milieu de l’Australie, the Big One, celui des photos. Celui-là:



Lui, je ne connais pas l’histoire de sa formation, mais il y a beaucoup d’histoires sur ce qu’il s’est passé autour. Par exemple, sur cette photo est le champ de bataille entre une femme qui était assez en colère et un serpent. La grosse faille est un coup d’épée de la femme, le rocher qui est tombée, c’est le bouclier du serpent. Oui, très fort le serpent, il peut tenir un bouclier sans les mains.




Enfin voilà, il y a beaucoup d’histoires, beaucoup de rochers, et je suis bien content d’avoir fait ce détour imprévu par le milieu de l’Australie. Si jamais vous venez ici, passez par Alice, c’est exceptionnel. Et en plus on peut y faire des pyramides.

jeudi 26 novembre 2009

Ian est fou

A Darwin, finalement.

J’ai rencontré Ian par les petites annonces. Jeune homme, 37 ans, possède un 4x4, cherche backpackers pour aller d’Alice Springs à Darwin et partager les frais. Il a juste oublié de préciser dans son annonce qu’il était fou.

Je vous vois venir, vous allez dire que j’exagère. Mais après avoir voyagé avec le spécimen pendant 3 jours, je persiste et signe. Let me make my point.

Ian est un australien de 37 ans, né au sud de Perth.

Ian voyage depuis un certain temps mais qui devient moins certain à chaque fois qu’on lui pose la question.

Ian a travaillé un peu partout, des mines, des road trains, des fermes.

Ian dort depuis au moins six mois là-dedans.




Ian aime raconter des histoires au discours direct. Je vous la fais en version originale, c’est tellement mieux (après avoir apparement sauvé mon sac à dos d‘un vol certain):
And the aboriginal, he would go around town like « Yeah that’s my shirt ». And you would be like « F*ck ». And you would go to the aboriginal like « that’s my shirt ». And he would « no way man ». And you’d be f*cked.
Sauf que Ian parle avec beaucoup plus de F word.

Tant qu’on y est d’ailleurs, Ian aime le F word. Toute décision par exemple est marquée par un « F*ck it » qui clôt la discussion. Un peu le « C’est mon dernier mot Jean-Pierre » de chez nous. Kyle également, le jeune canadien qui nous accompagne, aime beaucoup le F word. Je soupçonne que ce soit aussi pour être pote avec Ian, mais bon je ne rentrerais pas dans une analyse psychiatrique de notre jeune ami.

Ian aime les femmes. Ian siffle les filles une fois qu’elles sont assez loin pour être sur qu’elles n’entendent pas. Quel coquin. Ian donne des noms de filles à André, l’allemand qui voyage aussi avec nous, quand il se plaint ou quand il se baigne nu. D’ailleurs, pour tous ceux d’entre vous qui se demandent pourquoi tant d’allemand de l’est aiment le nudisme, cet André m’a donné  l’explication. C’est tout simplement une des seules libertés qu’ils avaient. Je ne sais pas si c’est vrai, mais j’aime.

Ian est étrange avec les aborigènes. Il use du N word pour les appeler, crie « fifty points«  à chaque fois qu‘un traverse devant sa voiture, mais dit en même temps que tout le monde est pareil pour lui. J’ai préféré dire que j’étais végétarien pour expliquer pourquoi je ne voulais pas de barbecue. On ne sait jamais ce que cache un australien dans sa caravane.

Ian a nagé sans le savoir dans une rivière où il y avait des crocodiles et aime raconter cette histoire. Souvent. Même si tout le monde connaît déjà l’histoire. Au style direct évidemment.

Ian a choppé un python par la queue pendant la nuit. Je vous ai dit, il est fou.

Ian a ensuite choppé un wallabie et a voulu le mettre dans la tente de Kyle, lequel s’est réveillé à temps. Nous avons ensuite découvert que le pauvre wallabie en question était domestiqué. Et qu’il avait même un petit frère.







Cette après-midi, j’en ai eu vraiment marre de Ian. Un peu de stop donc et me voilà arrivé à Darwin, où je vais rester me reposer deux ou trois jours.

jeudi 19 novembre 2009

Middle of nowhere

Nulle part, il fait chaud

De 1999 à 2001, j’étais en classes préparatoires. En classes préparatoires, on fait énormément de maths. Et en maths, on parle souvent de l’ensemble vide. Et on apprend beaucoup de choses sur l’ensemble vide. Par contre, ce qu’on n’apprend pas sur l’ensemble vide, c’est où il est.
Et bien, je peux vous le dire, je l’ai découvert il y a peu, l’ensemble vide est en Australie!

Laissez-moi donc vous faire une petite leçon de maths sur l’ensemble vide, en version australienne.
Tout d’abord, fixons les notations, l’ensemble vide en anglais, ça s’appelle le middle of nowhere.

ø = Middle of nowhere (1)

Etudions maintenant les propriétés du middle of nowhere.

(a) Le middle of nowhere est plus grand que tout ce que vous pouvez imaginer. On y roule pendant des heures, sans croiser un village, un voiture, un kangourou ou du goudron. Ceci nous donne donc:

Middle of nowhere > infini      (2)

Idée de la démonstration:





Egalement, voilà les photos d’un vol au dessus du désert et d‘un cattle station (une ferme, mais en plus grand). Sachant qu’à une altitude de 1000 pieds, tout ce qu’on voit autour de nous fait partie de la ferme, et que cela ne représente qu’un tiers de la ferme, calculez la superficie de la ferme et déduisez-en l’âge du fermier.







(b) Pour tout grain de sable appartenant au middle of nowhere, ce grain de sable est rouge. Donc, par transition, pour tout Ness entrant dans le middle of nowhere:

Grain de sable + Ness = rouge     (3)

Idée de la démonstration:




Mais bon, me direz-vous, le sable rouge c’est pas incroyable. C’est parce que vous ne connaissez pas encore le corollaire:
Pour tout lac dans le désert, le lac est également rouge!




Et d’ailleurs, ce lac est un lac salé, 2.5 fois plus dense que la Mer Morte. Je n’ai pas pu m’y baigner par contre, le Yacht Club de ce lac (asséché pour la plupart du temps) était fermé.



(c) Contrairement à ce qu’on peut penser, le middle of nowhere n’est pas vide. En effet, il est plein de vaches qui ont soif et qui observent chaque voiture comme si c’était le messie, de kangourous qui sautent, de petits oiseaux blancs et rouges appelées cuckateer, où quelque chose comme ça, de mouches qu’il faudrait éradiquer, d’araignées qui espérons le ne vont pas me bouffer, et de plein d’autres bestioles auxquelles je préfère ne pas penser. D’où:

Middle of nowhere <> ø          (4)

Idée de la démonstration:







(d) Vos cheveux se sont sûrement hérisser en voyant (1) et (4). Une contradiction évidente. Mais ne vous inquiétez pas, comme je vais le prouver maintenant, ce n’est pas une contradiction. En effet, on peut avoir des animaux dans le middle of nowhere qui ne sont pas vraiment là. Par exemple:



Sur cette photo, il y a deux wallabees.




Plus compliqué, il y a un wallabee sur celle-ci (ou deux, je ne suis pas sûr en fait)




Un email quand vous avez trouvés tout le monde, le gagnant recevra une carte postale.



Voilà, pour conclure, ce qui est vraiment incroyable ici, c’est la fascination qu’exerce l’endroit sur chacun. On reste des heures dans la voiture, la climatisation ne marche plus, on a pas trop de places pour les jambes, la route est une piste cabossée, et pourtant, je ne me lasse pas une seule seconde de regarder le désert autour de moi, rien après rien suivi de rien, mais impossible d’en détacher les yeux.




Next, Uluru, le gros rocher au milieu de l’Australie, et la région autour.

Petite addition, le plus gros road train que j'ai vu, 3 remorques, qui transportait du bétail il me semble:






mercredi 18 novembre 2009

Laissez-moi vous présenter mes compagnons préférés




45°C moins le quart, au milieu de nulle part, après le sable à droite.


.J’aimerais vous présenter mes nouvelles meilleures amies. Elles sont avec moi depuis que je suis arrivé dans le désert australien, avec moi dans la voiture, avec moi quand on sort faire une pause, encore là quand on s’arrête pour manger, là le soir quand nous nous rassemblons après une journée de route autour de quelques bières. Elles ne me laissent qu’après 20 heures, quand elles vont tranquillement dormir, mais sont heureusement là pour me réveiller le matin vers 6 heures.

Je ne m’attendais pas à les voir ici dans le désert. D’habitude, elles préfèrent se balader dans un climat plus humide, et aiment bien avoir des animaux autour d’elles. Elles cherchent un peu la merde avec les animaux, mais bon, ils les supportent quand même.

Bon, je vais arrêter l’ironie, j’en ai marre. Vous l’avez sûrement compris, je parle depuis tout à l’heure des mouches. Au départ de mon voyage de dix jours, l’agence de voyages m’a proposé d’acheter un filet à mouches. C’est très seyant, un beau filet noir à se mettre sur la tête. J’ai hésité, il y a des mouches et des moustiques à Montpellier, un peu de citronnelle et le tour est joué, pas besoin de filets. Mais bon, pour huit dollars, pourquoi prendre le risque, je l’ai pris.

Et bien, ce sont probablement les huit dollars les mieux dépensés depuis le début de ce voyage! Les mouches dans ce pays sont phénoménales. Elles sont toujours là, elles rentrent dans les oreilles, la bouche, le nez, sur les yeux, et elles ne s’arrêtent jamais. A part entre 20 heures et 6 heures, où elles sont remplacées au pied levé par des moustiques.

Et elles sont nombreuses. Très nombreuses. Ce matin surtout, un véritable nuage noir se créait autour de chacun de nous quand nous nous levions et qu’elles s’envolaient toutes. Celles sur le dos, les jambes, les bras, ne sont pas plus dérangeantes que ça, mais sur la tête… Heureusement, la tolérance se renforce jour après jour, je tiens avec une bonne dizaine de mouches sur la figure maintenant.

Enfin, tout ça pour vous dire, si jamais vous voyez une mouche, butez la, ce sera toujours ça en moins. Parce qu’ici on fatigue avec elles, et malheureusement, quand on leur crie dessus pour qu’elles partent, elles comprennent pas.

mercredi 11 novembre 2009

Y a plus d’saisons

Mercredi 11 novembre, à Adelaïde, après une journée de glande bien méritée.

Le réchauffement climatique, j’avais du mal à y croire avant. Depuis que je suis arrivé en Australie, j’ai pris ma carte de membre à Greenpeace. A Londres, avec 15°C en août, il est très difficile de croire que quoi que ce soit se réchauffe. Mais ici c’est incroyable! Nous sommes le 11 novembre, bientôt l’hiver, et il fait 40°C! On se croirait en été!

Et cela a un impact incroyable sur la nature. Toute la faune locale est touchée. Certains animaux se mettent à dormir toute la journée:






D’autres, totalement affolés par le changement, se mettent à sauter dans tous les sens au lieu de marcher ou courir normalement:



Ils se battent même entre eux.




La flore également est toute chamboulée. Par exemple, cet arbre, qui n’a rien trouvé de mieux pour se ventiler un peu que d’avoir un tronc creux. C’est la panique dans la nature!



Mais vous n’avez pas encore entendu le pire. Vous avez sûrement tous entendu parlé de la fonte de la banquise aux pôles. Et bien ici, c’est la terre qui fond et part dans l’océan. Pour preuve, ces pierres, que les locaux appellent les 12 apôtres, sur la côte entre Melbourne et Adelaïde, ne sont plus que 7! Il fait tellement chaud que même la pierre se dissout dans l’eau!






Enfin, heureusement, l'océan est encore frais, les cascades coulent encore, et on peut toujours s’y baigner.








Mais je le sens, un jour tout ça sera sec et nous en serons réduits à cela. Oui, c'est une course de bateau sur un lit de rivière sec. Le réchauffement climatique a même atteint les australiens.

C’est pourquoi j’ai décidé de partir en mission à partir de demain matin pour le désert australien, pendant dix jours, voir l’étendue des dégâts. J’ai peur.

mardi 10 novembre 2009

10 things to do in Hong Kong

Mardi 10 novembre, dans le bus de Melbourne à Adelaïde

L’immanquable, la seule, l’unique, la meilleure, la un peu en retard, la liste des 10 choses à faire pour profiter d’un voyage à Hong Kong:

1- Amenez des amis et votre frère qui habite à Shanghai. Les amis parce qu’il faut de grandes équipes pour les soirées hongkongaises, votre frère parce que c’est la dernière fois que vous le verrez avant de partir pour plusieurs mois en Australie, Nouvelle Zélande et Amérique du Sud. Ah oui, aussi, soyez sûr que vos amis savent compter jusqu’à 5. Cela paraît bête, mais c’est très utile si ils ne veulent pas louper l’avion au terminal 4 d’Heathrow. Pour plus d’informations, un seul homme, Olivier LB

2- Passez la première soirée à Wan Chai, au bar Mes Amis en particulier, pour apprendre les coutumes locales, saisir les différences de caractères entre les expatriées et les locales, découvrir de nouveaux quartiers de Hong Kong et de nouvelles manières de partager une chambre d’hôtel.

3- Ne vous énervez pas, ceci n’est pas un signe nazi.



Malheureusement pour notre sensibilité juive et même tout juste occidentale, la svatiska est largement utilisée dans plusieurs pays d’Asie. Enfin, ne vous inquiétez pas, nous avons bien fait attention à tagger une étoile de David sur chaque monument nazi que nous avons croisé. On rigole pas avec ça.

4- Louez un bateau pour faire du wakeboard. Si vous êtes aussi bons que nous, vous arriverez à passer des 180. Et si en plus vous avez l’anniversaire de votre frère, vous pourrez même lui faire une vidéo d’anniversaire. Bon anniversaire Laurent!




5- Allez négocier des chemises et des costumes avec des Indiens. Malheureusement, les prix sont loin d’être aussi attractifs qu’à Shanghai, donc vous finirez surement, après une heure passée sur le choix des tissus et des coupes, à ne pas vous accorder sur le prix et à sortir bredouille de la boutique.

6- Si vous êtes dans l’ambiance Movida (VIP pour les parisiens), faites des soirées au Mint, au Privé, au Drop, au Finds, et si en plus, vous êtes avec les tauliers de Hong Kong, Julie, Philippe, ou Romain, vous entrerez comme dans un moulin. Si vous êtes dans l’ambiance Benidorm, faites un tour des bars de Lan Kwai Fung pour tenter les shots de gelée (oui c’est dégoûtant), les shots de sambuka, de yagermeister, les australiennes de 35 ans.



7- Si vous allez au Chabad, choisissez le bien. Sinon vous risquez de vous retrouver dans un restaurant cacher où on paie le vendredi soir, ou à faire la prière en anglais avec une communauté réformiste. Sympa, mais toujours étrange.

8- Allez vous perdre dans les sentiers et les plages autour de la ville. Vous pourrez grâce à cela réanimer de jeunes filles Malibu style.



Notez la technique de réanimation par impulsion sur l'estomac.
Plus sérieusement, il y a beaucoup plus qu'une ville à Hong Kong.C'est aussi des montagnes et des chemins qui mènent à des plages reculées et désertes (ou presque). Tellement reculées que vous risquerez de rater votre avion si jamais un taxi ne se dépêche pas d’arriver.




9- Passer Halloween à Hong Kong. Ici, pas de trick or treat, c’est une ville de fête et les millions d’habitants de la ville se pressent dans un espace d’1 km², dans les trois rues qui forment Lang Kwai Fong. La police va même jusqu’à organiser une queue pour rentrer dans la ville qui, en environ un kilomètre, fait un petit tour du centre de Hong Kong. Il faut le voir pour le croire!



Et en plus les infirmières, les pirates intellos et les médecins sont magnifiques.




10- Surement le plus important, trouver un couple de banquiers chômeurs sympas, qui accepteront de vous accueillir pour dix jours, avec les potes, les frères, les filles que vous ramenez et qui vous emmèneront faire toute cette liste. Merci beaucoup Céline et Philippe, on se revoit à Bali avec les bouteilles de Krugg!